Lectures
Le Paradoxe de la Vie

Conflit d’intérêt

"Tout est paradoxe et la vraie sagesse est de percevoir ces paradoxes." Bernard Werber

Il y a véritablement conflit d’intérêt ou plus exactement la défense des intérêts du mental au détriment de l’expression compatissante du cœur.

Plus nos certitudes sont grandes plus nous nous sentirons isolés. Combattre cet isolement deviendra un de nos buts et notre motivation dans la vie sera, paradoxalement, proportionnelle à notre incapacité à s’ouvrir à la vie. Nous aurons alors de plus en plus besoin de l’autre afin de :

  • Soit le rallier à nos convictions (limitées à notre vision, elle-même soumise à nos potentiels, utilisant par là même la manipulation),
  • Soit de se rallier à lui sous la forme d’une structure, un courant de pensé, un dogme, un gourou, un leader qui nous rassurera (ne serait-ce que par la présence des autres supposée partager la même vision),
  • Soit accepter le conflit et de s’opposer à lui afin de faire valoir son point de vue, son idéologie ou peut-être tout simplement ses intérêts.

Je me souviens avoir assisté à une émission sur Canal + où était invité l’humoriste Marseillais Patrick Bosso. On l’avait poussé à porter le maillot du PSG durant l’émission en direct. Après avoir expliqué que cela lui semblait difficile, il a cependant cédé à la pression car, comme il venait faire sur ce plateau la promo de son spectacle à Paris, il pouvait difficilement refuser.
Il y avait donc conflit d’intérêt et pourtant une solution pouvait être trouvée si la surprise de la demande n’avait pas créé un blocage dans le cœur d’un homme doté d’une grande générosité et d’une profonde sensibilité.

Il aurait pu répondre j’en suis sûr :
"Si je porte le maillot du PSG alors je demande à tous les supporters parisiens ici présents sur ce plateau de porter celui de l’OM".
Et de rajouter :
"Je propose d’aller plus loin en organisant au stade de France (terrain neutre) à l’occasion d’un match opposant les deux équipes que tous les supporters d’une équipe portent le maillot de l’équipe adversaire et réciproquement. La seule condition pour rentrer au stade sera de respecter cet échange de maillots tout comme les joueurs le font sur le terrain à la fin d’une rencontre."
Je vous laisse le soin d’imaginer les réactions que susciteraient une telle proposition quand on sait ce que représente un match OM-PSG.

Rien ne peut inciter les supporters des deux équipes à accepter car ce différent légendaire fait les affaires de tous. Et voilà le paradoxe : ce qui divise permet à chacun des clans, tributs, partis politiques, gouvernements, pays, multinationales, etc… d’y trouver son compte. Maintenir cette division sera la priorité.

Il faudra alors opposer les uns aux autres par intérêt. En voulant éviter le conflit vous divisez pour mieux régner et pourtant vous maintenez l’état conflictuel au sein de chacun des groupes au nom de l’intérêt. Ce n'est pas un joli paradoxe ?

Nous vivons tous, plus ou moins consciemment à tour de rôle les deux premières situations. La difficulté sera de ne pas entrer en conflit avec l’autre :

  • Soit pour garder sa place (c’est la valse des compromis et des promesses),
  • Soit pour rester au sein de la structure (c’est la perte de notre intégrité).

Mais si l’on accepte le conflit cela nous mettra passagèrement ou définitivement dans un état marginal au sein du groupe ou de la communauté d’appartenance. Et cela pour défendre ses convictions (morale, politique, religieuse, ...).

Le risque c’est de se voir rejeté, abandonné donc isolé. Le contact conscient ou inconscient à ces notions va déclencher en nous un véritable conflit d’intérêts. Celui entre l’intérêt du mental qui veut rester au contact des autres et celui du cœur qui pourrait trouver là le moyen de se libérer d’émotionnels qui nous rendraient plus autonome.

A bien réfléchir nos motivations seront paradoxales car tout à la fois empreintes d’une véritable et sincère volonté de bien et soumises à une simple bonne volonté. C’est un bon début mais nous devons à ce stade faire le constat de notre manque de discernement, autrement dit de notre manque d’autonomie.

Qu’est ce qui nous empêche de faire autrement ? Pourquoi nous soumettons-nous si facilement aux autres ? Où est passée notre capacité de réaction ? Malgré tous nos "efforts" pourquoi n’arrivons nous pas à faire changer les choses en profondeur ?

La réponse tient à notre plus grand paradoxe :

Nous avons la fâcheuse tendance à attirer ce que nous cherchons à éviter.

Le responsable est facilement identifiable, nous le connaissons bien et pourtant nous semblons être impuissants face à lui…

Nos Peurs !!!

 

                                                                          Marc Lambotte