Croyance
Le besoin de croire ou de ne pas croire relève d’un positionnement socioculturel très lointain. C’est le principe d’attribution, voire d’appartenance, à des phénomènes connus et intangibles. C’est oser prendre position pour ou contre quelque chose afin de cesser toute hésitation, sortir du doute, voire se conformer à son environnement.
Le problème est que toute croyance vous pousse à un dogme ou une sorte de règle du jeu rigoureuse tendant à vous figer dans une espèce de certitude. A son extrême et par le biais d’une manipulation cette croyance deviendra un fondement sectaire.
Dans tout cela pas grande place à l’autonomie et la liberté de penser. Bien sûr je suis très conscient du problème que je soulève au regard de toutes les religions, c’est pourquoi nous allons observer la réalité de ce principe de croyance.
Depuis que l’on nous a parlé d’un monde spirituel on nous a également, et je dirais surtout expliqué, démontré, prouvé l’existence d’un monde intangible, impalpable, invisible. Tout cela a été rendu possible grâce au concours d’éléments tangibles, palpables, visibles.
Les croyances ont pu se développer à partir d’écritures, de symboles, d’édifices, de rituels, d’égrégores, etc.
C’est le principe de dissuasion utilisé depuis l’origine des temps basé sur le « je ne crois que ce que je vois ». Démonstration par l'alchimie et les principes structurels kabbalistique.
Et voilà le paradoxe, nous voulons être libres de penser mais nous voulons être convaincus de ce qui nous est proposé. Autrement dit nous laissons la porte grande ouverte à tous ceux qui, convaincus de bonne ou de mauvaise foi et sans scrupules, viendront déposer les éléments qui sont supposés nous aider à croire.
La question est : Avons-nous encore aujourd’hui besoin de croire et donc de continuer le processus du "voir".
La croyance est devenue paradoxalement le moyen, au monde scientifique, de construire son principe qui est par définition de démontrer l’existence ou non de toute chose.
Qu’avons-nous à perdre à lâcher nos croyances qui nous figent dans un système qui a du mal à s’adapter, d’autant que nous subissons une accélération telle que l’adaptabilité nécessaire n’est pas juste un moyen agréable de vivre notre évolution mais la réponse à notre survie collective !
Lâcher nos croyances nous permettra de nous ouvrir à plus d’intégrité individuelle et de développer nos ressentis au service d’un collectif. Imaginez que nous puissions penser individuellement pour un collectif tout en cultivant nos différences. Cela ne serait-il pas une source permanente d’innovation et de création !
Les croyances ont eu la nécessaire utilité de nous ouvrir les portes d’une conscience élargie. Afin que cette conscience puisse poursuivre son évolution en toute liberté, il semble important de nous repositionner et de découvrir notre part de création en nous, pour nous, afin de la proposer à l’autre sans rien attendre en retour.
Là, il ne s’agit plus de croire ou pas mais de ressentir ce qui nous est proposé par un individu ou un collectif et de se demander si cela nous « parle ou pas ». Si la réponse est oui, alors laissons circuler en nous cette information qui ira enrichir notre bibliothèque intérieure sans que notre mental actif cherche, en s’immisçant dans le processus, à vouloir comprendre pour accepter mais en laissant notre cœur accepter pour éventuellement comprendre. Si la réponse est non alors rejetons cette information. Soit parce qu'elle n'est pas juste, soit que l'environnement accueillant cette information n'est pas, dans l'instant, adapté. C'est la notion du trop tôt.
Nous devons abandonner toutes croyances afin de nous ouvrir à plus de conscience.
Et s’il nous est impossible d’imaginer un monde sans croyance alors commençons par croire en Soi.
Marc Lambotte